Le trolleybus numéro 9 avançait, portant dans son ventre les grappes de visages aux yeux tous pareils. Sur son dos, les deux antennes dressées couraient le long des fils électriques, s'inclinant, vibrant, crissant. De temps à autre, une boule d'étincelles jaillissait en claquant du bout des antennes, et on sentait dans l'air une drôle d'odeur de soufre. Le trolleybus numéro 9 s'arrêtait devant un pylône sur lequel était écrit « ROSA BONHEUR ». Les freins sifflaient, les portes se repliaient, et il y avait des gens qui descendaient à l'avant pendant que d'autres montaient à l'arrière. C'était ainsi. Puis le trolleybus numéro 9 repartait le long du trottoir portant dans son ventre la grappe d'oeufs blanchâtres, en route vers le but inconnu. En route vers le terminus toujours recommencé, l'espèce de place déserte avec un jardin poussiéreux, où il virait lentement sur lui-même avant de repartir en sens inverse.
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